Guerre du golf

Hormis la chasse et la pêche, activités hautement sportives et culturelles, les néozélandais semblent avoir une autre passion : le golf !

Avant d’entrer dans notre wwoofing il y a un peu plus d’un mois, on s’est arrêté à Taumarunui, une petite ville de 5 000 habitants perdue au milieu de nulle part. Il y avait évidemment un golf.
Les grandes villes en ont parfois plusieurs, bondés tous les weekends. Mais le moindre petit patelin se doit d’avoir son golf.

Avec 4h à tuer, on s’est dit qu’on allait tester le machin ! J’avais une opinion assez tranchée sur ce « sport » : m’as-tu-vu, onéreux et élitiste. On a vu les prix à l’arrivée et mes idées reçues n’ont pas été démenties : $95 pour 9 trous à 2.
Heureusement, la « vendeuse » nous a vu arriver dans notre van aménagé avec nos fringues de rando et notre hygiène douteuse. Elle a eu pitié de nous. Elle nous a donc fait le tarif adhérent et prêté le matos gratuitement. On s’en est tiré à $45 pour 2. Quand on sait qu’on est resté plus de 3h sur nos 9 trous sensés durer 1h, ils ont été perdants !

Grande première. Ce fut une expérience grandiose !

Première phase : découverte amusée et curiosité naïve.

oh, mais c’est quel club qu’on doit utiliser ? »

« c’est bien ça la position ? »
« on les laisse passer, comme ça, ils ne pourront pas voir comme on est nul. »
« oups, j’espère qu’ils n’avaient pas besoin de cette touffe d’herbe »
« j’ai compté, on est à 13 coups (au lieu de 4, normalement) »
« oups, j’ai fait tomber mon sac. Je sais pas m’y prendre »

Deuxième phase : plaisir

Un club pour bénéficiaires du RSA, c’est un sport de prolos en fait !

« aaaah ! je sais pas trop pourquoi mais j’ai enfin à peu près réussi un swing. 1 fois sur 5, c’est pas mal »
« c’est cool en fait. on se balade au soleil, tranquilou bilou » (oui, j’utilise cette expression)
« – si mes parents me voyaient, ils me reparleraient des nombreuses fois où je boudais au mini-golf quand j’étais  jeune. – et moi mon grand-père serait fier. Il nous faisait jouer pour qu’on ait le droit de conduire la voiture »
« avec la voiture, on pourrait se balader tranquille, ce serait parfait »
« je suis sûr qu’on appelle ça des bois ! »

Troisième phase : énervement

« ça fait mal aux mains à force »

« rah mais pourquoi ça marche pas comme ça, ça marchait tout à l’heure »
« saleté d’herbe ! »
« pourquoi ils ont commencé à jouer derrière ? ils savent pas qu’ils doivent attendre qu’on ait fini ? »
« – tu devrais te mettre plus loin de la balle et… – qu’est ce que tu crois que j’essaye de faire !? »
« – mais ne tire pas si fort quand t’es sur le green – parce que tu crois que je le fais exprès ? »
« putain, mon sac est encore tombé ! c’est vraiment de la merde leur matos ! »
« on aurait du prendre un caddie »

Quatrième phase : épuisement

« il fait trop chaud, j’en peux plus »
« on peut peut-être passer directement à ce trou… »
« j’ai mal aux mains à force de me crisper sur cette merde »
« Un swing réussi sur 15 essais. Je sais même pas pourquoi ça marche quand j’y arrive enfin. »
« Après ça on va manger ? j’ai trop faim ! »
« oh, il y a un bien un golf-club à la fin. C’est bien un sport de bourges. Tu penses qu’ils y vont pour manger ou pour réseauter ?… on réseaute à Taumarunui ? »

WordPress ne permettant pas l’ajout de vidéo sur un blog gratuit, vous aurez juste cette photo de moi célébrant la victoire… ou la fin de partie peut-être.

Phase post-golf : syndrôme de la guerre du golf

« c’était bien en fait »
« ouais, on s’énerve parfois, mais c’était sympa d’essayer »
« par contre, on le refera jamais. »
« trop d’élitisme d’un coup, on se fait un MacDo ? »

Voilà, c’était notre expérience du golf. On s’est ensuite vraiment fait un MacDo (le seul, en plus de 2 mois *fier*)
J’espère avoir réussi à devancer mes parents en évoquant moi-même mes énervements lors des mini-golfs de mon enfance. Désolé pour tous les lecteurs qui joueraient au golf : je n’ai hélas pas réussi à dépasser mes préjugés. Même au milieu de néozélandais en short, je trouve toujours que c’est un sport pour bourgeois ostentatoires. Mais c’était amusant quand même d’essayer une fois.