Vivre dans la Grande Ourse

Non, aucun jeu de mot graveleux derrière ce titre. Dans ce 3ème – et probablement dernier – article sur notre van, on vous explique comment on y vit. J’espère que nous répondrons à toutes vos questions : Ca va de conduire à gauche ? C’est pas trop petit pour vivre dedans ? Ou trop grand pour manœuvrer ? Lucie conduit-elle bien ? Vous avez un micro-ondes ? Une douche ? Vous dormez dans des campings ? Vous pouvez tenir debout dedans ? Vous avez pas froid ? Où-est ce que vous faites popo ?
Bref, autant de questions existentielles auxquelles on se devait de répondre.

Conduite

C’est pas trop compliqué de conduire à gauche ?

Q : J’avais déjà conduit (et cassé un rétro) à gauche en Ecosse, donc ça va, c’est vite revenu. Les néozélandais conduisent plutôt bien et sans stress, ça facilite. On n’a toujours pas crevé sur les nombreuses routes de graviers. Tout va bien.
L : Selon ma longue expérience de conduite à droite et les sept minutes de conduite de van à gauche, je peux dire qu’absolument pas.

C’est pas trop compliqué de conduire un gros van ?

Q : Plus difficile que de conduire à gauche. Visibilité pas géniale en marche arrière. Les créneaux, ça commence à aller… mais un poteau a quand même sauvagement attaqué une portière lors d’un demi-tour. Puis j’oublie toujours d’avancer suffisamment quand je me gare (le moteur étant sous le siège passager, c’est assez troublant de devoir se coller totalement).
L : Aucun soucis dans les virages, il suffit de ne pas couper les virages (toujours selon ma longue expérience de 2 virages négociés en van).

Et Lucie conduit bien ?

Q : …
L : Quand il n’y a personne ! Je passe les vitesses avec brio.

Dodo

Où dort-on ?

Q : Dans le van. C’est bête comme question (ah merde, c’est moi qui l’ai écrite)

L : On ne dort pratiquement que dans des free camps (camping gratuit) où on a accès aux toilettes et souvent à l’eau potable, on en trouve partout même si certaines régions sont plus accueillantes que d’autres (beaucoup de campings gratuits à des endroits sympas). Il existe aussi des campings payants avec plus de services ou alors c’est de l’arnaque et il n’y a rien de plus que les gratuits. Il y a aussi des campings chez l’habitant, on l’a fait une fois et on a pu voir des vers luisants, guidé par un chasseur en pleine nuit, sans aucun réseau. C’était rassurant. Mais très beau.

Et comment on trouve tout ça ?

Q ; J’ai une « super » copilote qui me guide.
L : Grâce à une super application, Campermate, qui répertorie sur une carte tous les campings gratuits ou payants, les toilettes, les points d’eau, les choses à voir, les stations essences, etc. C’est super bien fait et on serait bien embêté sans !

Comment dort-on ?

Q : Mal.
L : Il faut fermer les yeux, se remémorer les bons moments de la journée, avoir bien mangé avant peut aider… Et pouf, vous dormez.
Q : En vrai, c’est pas le lit King Size et le matelas Dunlopillo de mes rêves. On sent toujours les lattes dures à travers le matelas. On avait au départ 3 matelas, mais ça fait des trous et les lattes tombent facilement. On a maintenant 1 grand matelas qu’on replie en canapé, mais il finit par ne plus être très plat. Si on rajoute qu’il est parfois difficile de trouver un endroit bien plat pour se garer, ou qu’il peut parfois faire très froid, notamment en forêt. Car oui, on n’a pas de chauffage non plus.
L : Avant de dormir sur un mauvais matelas, il y a toute une installation à faire avant de dormir, elle est plutôt simple mais dans 3 m² à deux, tout devient vite compliqué. C’est comme si on dépliait/repliait un canapé lit chaque soir/matin (ce que PERSONNE ne fait, on est bien d’accord?)

Hygiène

Où fait-on pipi (et popo) ?

L : Dans les toilettes publiques ! La Nouvelle-Zélande est totalement équipée pour la vie en van ou camping car et il y a des toilettes publiques globalement propres vraiment partout, mais ça reste assez douloureux quand il faut se relever au milieu de la nuit et mettre des pulls, ses chaussures, et affronter le vent/la pluie/le froid…
Q : On a bien des toilettes chimiques, mais ce n’est pas un van 3 pièces, donc on ne les a jamais utilisé. Les toilettes publiques, c’est le bien… même si quand on quitte la ville, beaucoup sont des cabines puantes avec juste un trou. Joie !

Où se lave t-on ?

Q : La vraie question serait plutôt « se lave-t-on ? »
L : A la piscine majoritairement dans notre cas, on en profite pour nager une heure au passage mais ce n’est pas du tout obligé, il y a souvent un tarif spécial si on veut uniquement prendre une douche (environ 2 dollars et 4/5 dollars la piscine avec jacuzzi parce que quand même).

Se lave t-on souvent ?

L : Clairement non, globalement tous les 3 ou 4 jours environ, et on a des lingettes entre ces jours là… Personne ne nous a encore dit qu’on puait !
Q : Disons… qu’on a revu nos critères d’hygiène à la baisse. 2 fois par semaine, ça me semble une moyenne honorable.

Cuisine

Comment cuisine t-on ?

Q : Ni four, ni micro-ondes. Et parfois pas de source d’eau. Ca limite beaucoup. Le plus dur, c’est de trouver des idées repas et d’avoir encore la motivation pour cuisiner maintenant qu’il fait nuit à 17h. Je milite pour plus de sandwichs/wraps pour éviter de devoir faire la vaisselle dans les toilettes publiques (ou courbé devant l’évier du van… car oui, je ne peux pas me tenir debout dans le van)
L : On mange déjà du pain quasiment tous les midis et cuisiner le soir, ça occupe, non aux wraps le soir ! En plus, on peut cuisiner quasi normalement grâce à nos deux plaques de cuisson au gaz avec une bouteille de 4 kilos, que l’on a rechargée une seule fois depuis le début du voyage pour 10 dollars. On a un évier et un bidon de 25 litres d’eau qu’on utilise pour faire la vaisselle maintenant qu’il fait froid, mais pour faire cuire des pâtes, il faut aller chercher l’eau dehors !

Où mange-t-on ?

Q : Quand il faisait encore bon, on sortait la table et les chaises pliantes dès le petit-déjeuner. Mais sinon, on a la place suffisante à l’intérieur, dès qu’on met le matelas en canapé.
L : On essaye de limiter les restos – avec plus ou moins de succès. Mais avec notre (petite) expérience, on peut déjà dire que les kebabs d’ici sont beaucoup plus diététiques : beaucoup de légumes et pas de gras partout.

Quotidien

Que fait-on quand il fait nuit ou moche ?

Q : Nous sommes devenus des visiteurs assidus des bibliothèques municipales les jours de pluie (free wifi !). Et quand il fait nuit (après 17h en ce moment)… on profite des téléphones (quand on a du réseau), on regarde un film, on lit (si possible en anglais), parfois je joue (Civilization <3)…
L : …On joue à des jeux de société, on bricole dans le van, on lit (en français aussi), on commence un carnet de voyage (pas encore fait…) et puis ben on dort. Il fait nuit à 17h en ce moment donc on suit le rythme du soleil en mangeant et en se couchant plus tôt.

Ca se passe bien à deux malgré l’absence d’intimité ?

Q : Oui ❤
L : Oui ! Même si Quentin prend toute la place dans le lit. Mais c’était déjà le cas avant alors…

Pensez-vous tenir un an comme ça ?

Q : Moui… le confort nous manque parfois et ça devient dur avec le froid. Heureusement, on n’est pas tout le temps dans le van. Pour l’hiver, on a prévu vacances, wwoofing et auberges de jeunesse – quand on travaille. Grâce à cette alternance, on est plus heureux de repartir sur les routes.
L : C’est bien d’avoir son van quand on voyage et de pouvoir se poser n’importe où mais j’avoue que quand on travaille neuf heures par jour dehors, je suis contente de pouvoir rentrer, prendre une douche chaude, cuisiner facilement et pouvoir dormir dans un bon lit au chaud. L’été, on pourra peut-être sûrement rester uniquement dans le van.

Vous aimez vivre en van ?

L : J’aime l’idée d’avoir ma maison avec moi tout le temps et pour ce voyage je trouve ça vraiment adapté mais c’est quand même très spartiate, je pense qu’on sera content-e de retrouver un certain confort (les toilettes à l’intérieur par exemple) en rentrant !
Q : C’est une bonne expérience. Ca permet d’économiser sur le logement et d’accéder à des lieux compliqués facilement. On fait plus avec moins. Je n’ai pas encore viré baba cool, mais ça peut être à refaire (si on oublie que c’est quand même hyper polluant)

Et voilà, c’est tout pour cette formidable interview en binôme. Maintenant en route pour de nouvelles aventures ! (je viens de regarder Tintin, j’ai droit aux expressions ringardes !). Si vous avez d’autres question sur notre French Art de Vivre en Nouvelle-Zélande, vous pouvez commenter !