A l’image de cette ville tentaculaire regroupant 15 à 20M d’habitants, cet article risque d’être un peu bordélique car je ne sais pas par quel bout le prendre. C’est parti pour un voyage à Istanbul !
Conditions difficiles
Commençons par le début, Istanbul était notre étape de retour… après 18h d’avion / 7h30 de transit / 4h d’avion bonus. En bref, on était crevé et il faut du temps pour s’en remettre. Certains disent 1 jour par heure de décalage horaire… donc 10 jours. On y restait que 7 jours, c’est foutu.

Malheureusement, les conditions météo n’étaient pas optimales non plus. Il a globalement fait entre 0°C et 5°C toute la semaine, avec même une belle journée de neige. En quittant l’atmosphère quasi tropicale d’Auckland en plein été, nos corps n’étaient pas prêts ! Notez que la semaine précédente, il faisait 15°C, et qu’à partir du dernier jour où on y était, il faisait 10°C et beau soleil à nouveau.
Mauvais moment ?
Quand on ne s’écroulait pas au lit à 17h, on pouvait quand même profiter des merveilles d’Istanbul. Avec son passé de capitale romaine d’orient puis de l’empire byzantin et son rôle de carrefour entre l’Europe, l’Asie et le bassin Méditerranéen qui perdure à la période ottomane, la ville a l’une des histoires les plus riches d’occident. Il y a donc à faire et à voir !

… Plus ou moins. Beaucoup de lieux touristiques sont inaccessibles. En hors-saison, il y a souvent plus de travaux, mais là c’était le bouquet ! La ville a ouvert un nouvel aéroport qui pourra accueillir jusqu’à 80M de personnes par an récemment. Elle veut devenir un carrefour du trafic aérien alternatif à Dubai et Doha, ce qui nécessite de remettre toutes les attractions touristiques d’aplomb pour attirer le chaland.
Exit l’intérieur de Sainte Sophie. Rien à voir à l’intérieur de la Mosquée Bleue à part des échafaudages. Et de même pour de nombreux minarets, pour les fresques des rares églises orthodoxes encore en bon état… sans compter la jolie gare de la rive orientale qui est fermée et bâchée.

Tourisme historique
Ca n’a pas empêché de voir de très belles choses ! Les bâtiments historiques sont légions, allant des obélisques de l’Egypte antique jusqu’aux palais ottomans et les constructions turques plus récentes (et souvent sans intérêts). Comme il faisait froid, nous avons aussi fait tous les musées possibles en espérant se réchauffer… sauf le musée du tapis, quand même.

Nous avons bien plus ressenti l’influence ottomane que l’histoire byzantine ou romaine. Les superbes mosquées construites sous Soliman ou Selim ont recouvert un grand nombre d’anciennes églises présentes avant 1453, et elles sont encore très actives – avec une propagande spécialement prévue pour convertir les touristes. Elles se perchent sur les 7 collines de la ville, sculptant le ciel sur les rives du Bosphore, qui semble parfois n’être qu’un très grand fleuve au milieu de la ville.

La grande majorité des constructions romaines a disparue, et même le musée archéologique semble plus centré sur l’Akkadie, la Grèce Antique ou la période Ottomane que sur son passé romain, j’y reviendrai. Les quelques églises orthodoxes survivantes ont souvent été transformées en musées, peu vivants. Les autres ont été transformées ou remplacées par de superbes mosquées, au gré des sultans. Les palais ottomans surplombent encore la mer de leurs dômes et motifs foisonnants.
Et bien sûr, la culture turque est aussi fortement mise en avant, glorifiant les premiers « patriotes » comme Atatürk ayant permis l’indépendance du pays. D’ailleurs, il est même légalement interdit de les critiquer (et quand on sait qu’ils n’étaient pas totalement éloignés des responsables du génocide arménien, ça explique la difficulté à en parler encore aujourd’hui).

Une ville toujours cosmopolite
Le dépaysement est garanti à Istanbul. Dans une même journée on passe d’un rempart de l’époque romaine à des immeubles de fin de période ottomane, en passant par une rue du vieux quartier grec jouxtant une église orthodoxe transformée en mosquée. Sans parler des charmes orientaux des bazars et de leurs marchandises alléchantes.
Chaque quartier a une identité propre, et tous accueillent chiens et chats errants à bras ouverts, ce qui donne une ambiance chaleureuse et amicale. Ainsi, on oublie rapidement l’immensité de la ville lorsqu’on déambule dans les petites rues, loin des grands axes. Et heureusement ! Car la ville est tentaculaire, coupée par une mer difficile à traverser (les métros sous le Bosphore sont arrivés en 2013 seulement) et loin de se disposer en étoile comme Paris. Les trajets peuvent être longs en dehors du centre.

Si la ville semble principalement musulmane, les cultures se mêlent aussi aisément que les styles architecturaux. Nous avons été surpris de voir de nombreux bars à bière remplis de turcs à Kadikoy sur la rive orientale, tandis que l’ancien quartier juif, côté occidental, abritait plutôt des femmes en voile intégral. On aurait imaginer l’inverse.
Les quartiers touristiques (Sultanahmet, Eminonü…) abritent des bâtiments importants, des touristes, et des arnaque-touristes, jusqu’au célèbre pont du Galata qui accueille des pêcheurs turcs à l’étage supérieur et des restaurants à touristes juste en dessous.
D’autres quartiers ont leur vie propre : Besiktas pour les magasins et sorties, Karakoy pour les bobos et expatriés, Taksim pour l’équivalent des Champs-Elysées locaux ou encore Vefa pour le quartier historique plus local.

Des musées contre le froid
Les musées et les bars à thé ont été notre salut face à l’air slave qui avait envahi la Turquie. Nous avons commencé avec les Arts islamiques, situé aux abords de l’ancien Hippodrome de Constantinople. Intéressant, mais difficile à apprécier à sa juste valeur pour des béotiens comme nous. En effet, la calligraphie est le plus important moyen d’expression, et sans notion de base, on ne comprend pas toutes les subtilités de son évolution dans le temps.

Nous nous sommes ensuite attaqué à la plus ancienne cathédrale du monde, devenue mosquée puis musée : Sainte-Sophie. Moins impressionnante qu’attendue et un peu froide (nonobstant les travaux), ça reste un mélange surprenant. Un peu l’inverse de la mosquée de Cordoue.
En traversant la Sublime Porte, nous arrivons ensuite au Palais Topkapi, résidence des sultans ottomans avec ornements, parcs, harem richement décoré et reliques de Mohammed.
La Mosquée Bleue, située en face de Sainte Sophie et qui lui répond en splendeur (enfin, pour l’intérieur, on ne sait pas, c’était en travaux). Je passe sur les nombreuses autres mosquées, toutes très belles mais difficiles à distinguer à force. Un peu comme les temples à Bali.
Le musée d’archéologie abrite quelques trésors mésopotamiens, mais surtout le somptueux sarcophage d’Alexandre le Grand. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit du tombeau d’Abdalomynos, un obscur seigneur de Sidon de la même époque.
Je ne m’étale pas sur les autres, mais en vrac
– Saint Sauveur in Chora – église orthodoxe abritant probablement de superbes mosaïques… on a vu que le patio qui n’était pas en travaux, c’était bien.
– Le musée d’Art Moderne, un peu cher pour assez peu d’œuvres
– L’église Saint-George du Patriarcat Oecoménique et ses impressionnante dorures
– La basilique souterraine, impressionnante salle aux colonnes qui servait autrefois de réserve d’eau claire.
– Le palais Dolmabahce, somptueux palace ottoman qui n’a rien à envier à Versailles (vraiment impressionnant… mais qu’il est interdit de photographier, donc il se retrouve relégué tout en bas)
Bref, on a fait tout ce qu’on a pu trouver en intérieur, et ce bain de culture nous a fait beaucoup de bien après la Nouvelle-Zélande !
Je termine ici ce premier article sur Istanbul, mais – confinement oblige – j’ai du temps pour m’étaler, et vous avez du temps pour me lire. Un 2ème article sur nos expériences et sur la gastronomie turque arrive.