J’ai déjà évoqué nos déceptions en Nouvelle-Zélande (en minimisant l’aspect météorologique !). Pour remettre les choses à niveau, il me faut aussi évoquer nos échecs (enfin surtout les miens) dans un bon gros article introspectif dont j’ai le secret.
Fantasme du voyage
Le voyage, c’est un beau moyen de se découvrir. Photos et réseaux sociaux à l’appui, on vous donne des images de paysages enchanteurs, vous imaginez les émotions, la nouveauté, les belles rencontres, les souvenirs qui se gravent au gré des expériences chaque jour renouvelé.
Ce n’est pas faux… mais ça traine aussi beaucoup de fantasmes, nourris aux imaginaires de Tesson, Kerouac ou London (écrivains que je n’ai d’ailleurs quasiment pas lu haha).
Partir avait été une décision courageuse pour moi et il m’a fallu beaucoup de temps pour la mûrir. Les premières semaines du voyage, l’adrénaline nous permet de nous émerveiller de tout. La vie est une aventure.
Ensuite, il y a la prise de marques – une étape primordiale et difficile. Selon la réussite de ce moment, viennent ensuite parfois de meilleurs moments encore : un équilibre béat pour qui voudra s’installer ici et trouver une « meilleure qualité de vie » ; une découverte de soi pour qui se trouvera une passion pour la vie rurale ; ou encore un enrichissement culturel pour qui tombera amoureux de la culture maorie (car soyons sérieux, personne ne tombe amoureux de la culture kiwi). Pour d’autres, cela laissera place à une routine plus ou moins bien établie, avec son lot de jolies choses, mais aussi ses déceptions et autres constats d’échecs. Nous avons nous aussi eu nos échecs.
Des efforts tous les jours
En réalité, le voyage demande aussi et surtout une volonté forte tous les jours. Je ne parle pas ici de l’organisation au quotidien avec une vie nomade dans un van (c’est lourd et ça pèse sur tout le reste, mais c’est Lucie qui vous en parlera), mais bien des efforts à faire pour que ce voyage se passe bien, d’avoir l’impression d’entreprendre des choses et éprouver la satisfaction de réussir.
Et c’est bien l’un des premiers échecs : j’ai toujours bien du mal à aller vers les autres.
Au début, on se donne l’excuse de la langue et on hésite un peu. Puis, l’anglais s’améliorant, je suis capable de parler aux autres. Mais je me trouve trouve alors des excuses pour ne pas aller vers eux – locaux comme backpackers – facilement : envie de pouvoir enfin rester seul, possibilité de trouver l’info seul, temps de latence permettant à Lucie de le faire à ma place… bref si je ne fais pas des efforts quotidiens, je reste introverti. On ne se refait pas, c’est bien ma façon d’être depuis longtemps… mais quand même, c’est trop à mon goût.
Heureusement, les kiwis sont avenants et me parlent facilement, me forçant à sortir de mes zones de confort. Heureusement, ce n’est pas permanent ; selon mon état d’esprit, je passe outre mes appréhensions et j’arrive à aller vers autrui. Mais j’aurais aimé plus.
Du voyage en couple
Et j’aurais sûrement fait plus tout seul, car j’y aurais été poussé tous les jours par la force des choses pour ne pas être écrasé par la solitude. Seulement, j’ai voyagé en couple, et c’est très différent.
Notons que je ne m’en plains pas, car je ne suis pas du tout sûr que j’aurais eu le courage de partir seul. Partager ce voyage avec Lucie embellit très largement l’expérience , vivre ensemble facilite le quotidien. Seul, j’aurais peut-être été écrasé par la solitude et aurais déprimé sans oser aller vers les autres qui voyagent de toute façon tous en couple… bref, c’est très bien ainsi.
C’est cependant bien différent de ce que j’imaginais de prime abord et ça peut être un frein pour certains objectifs. Pour aller vers les autres… mais aussi pour améliorer son anglais !
Seul, on doit bien s’immerger avec les locaux et backpackers venus d’ailleurs. On ne parle qu’anglais, on pense anglais et on finit par rêver anglais. Mais en vivant en couple de français – même en faisant des efforts – on parle forcément dans notre langue natale dans l’intimité ou durant les road-trips. Ca fait de longues pauses et casse l’immersion, si bien qu’on ne pense pas avoir atteint le niveau espéré en anglais. Bon, c’est déjà pas mal de pouvoir parler facilement et de toute façon vu l’accent et les expressions chelous d’ici, je ne pense pas qu’on serai devenu bilingue non plus !
En couple toujours, je fais parfois reposer l’organisation du trajet sur ma copilote sur l’excuse que je suis occupé à conduire (hélas, Lucie est toujours sans permis).
Je rencontre moins de monde aussi. On fait de chouettes rencontres en couple. De bons potes de voyage, des collègues de galère… mais évidemment moins qu’en voyageant seul. Et d’ailleurs globalement, je ne pense pas que beaucoup des rencontres ici seront des ami-e-s durables ensuite, à quelques exceptions bien sympas près.
-50% sur les randonnées
En couple encore, on doit faire des concessions… notamment sur les randonnées ! J’aurais aimé en faire plus. Des longues, des difficiles, du bivouac sur plusieurs jours sur l’une des nombreuses pistes faites pour ça, où l’on aurait pu s’isoler du monde, admirer la nature et les étoiles… mais Lucie, même si elle s’est bien améliorée, ne s’est pas découvert de passion pour cette noble activité.
Dommage… car plutôt que de la laisser seule dans le van sans pouvoir conduire pendant 4 jours, il faut donc se résoudre à abandonner les longues randos en itinérance. Je l’ai cependant abandonnée quelques fois à la journée pour faire certaines belles randos difficiles et c’était toujours de belles expériences (que j’aurais préféré partager).
Enfin bon, dans les faits, on a croisé plein de voyageurs en solo, et ils avaient tous le poids de la solitude et ils fatiguaient de ne rencontrer que des couples, ce qui doit être usant… donc au final, tout va pour le mieux comme ça.
Organisation défaillante
Dernier point important que nous n’avons pas aussi bien réussi qu’espéré : l’organisation.
C’est toujours plus facile après, mais il y a quand même quelques regrets.
Premièrement, nous avons passé bien trop de temps sur l’île du nord, à faire parfois des allers et retours inutiles à travers l’île à cause de rendez-vous pris en avance qui ne collaient plus du tout avec notre périple. Quand on sait que l’île du Sud est bien plus belle que les éternelles collines à moutons du Nord, c’est un peu dommage. Surtout qu’on s’est tapé une météo pourrie pendant certaines semaines du road-trip dans le Sud. Sur 1 an de voyage, c’est bête d’être bloqué par quelques jours de tempête.
Deuxièmement, nous aurions dû nous poser plus longtemps à un même endroit, pour y établir une routine et un quotidien agréable. Globalement, nous n’avons jamais réussi à faire ça, si bien que Lucie – qui a besoin d’une routine et d’une forte sociabilité pour s’épanouir – aura eu du mal à s’y plaire totalement. Comme nous avons changé de lieu très régulièrement, les périodes courtes nous condamnaient à des jobs non qualifiés et abrutissants. Au moment où nous avons pensé à nous poser quelques mois à Nelson avec un job sympa, il était déjà un peu tard, et nous n’avons trouvé que de nouveaux emplois idiots et épuisants. Changer de lieu tout le temps n’aide pas à se faire de relations profondes, ni à apprécier la « qualité de vie » tant vantée en Nouvelle-Zélande.
Troisièmement, et c’est sûrement lié au précédent, nous n’avons pas gagné assez d’argent pour faire une longue et belle étape sur le retour. Bon j’exagère, nous avons une belle étape d’une semaine à Istanbul de prévue. Avec un bon boulot, on aurait économisé et on aurait pu partir au Japon (j’avais enfin convaincu Lucie !)… mais comme porter des échafaudages et faire la plonge pendant 3 mois ne nous tentait pas, on a écourté et on a aussi simplifié l’étape du retour.
Et ce sera tout pour nos échecs. Quelques concessions, quelques regrets, quelques déceptions… j’imagine que ces articles négatifs donnent une drôle d’impression vus de loin, mais le bilan est positif sur plein d’autres choses que je n’évoque pas ici. Ce sera pour un autre article (peut-être).
Une belle aventure… même si tout n’est pas positif, ça restera une belle expérience.
Vous pourrez envisager un autre périple.
Vous allez découvrir Istanbul que nous avons visité il y a quelques années. Ça nous a plu mais il y a du monde.
Profitez bien
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Oui, ça fait partie de l’expérience aussi tout ça.
On verra pour Istanbul, on sera déjà heureux de voir une architecture digne de ce nom 😀
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