Je n’avais pas du tout prévu d’écrire à ce sujet, mais à la demande insistante de Lucie qui s’est coltinée le voyage détaillé étape par étape de Bali, je m’y suis collé !
Arminé et Arthur avaient prévu de faire ce périple sur l’île de Java pour y admirer les volcans. Perso, je n’ai absolument rien préparé sur ce voyage, mais quand on me dit qu’il y a des volcans à grimper, mon sang ne fait qu’un tour. Lucie était tentée aussi, mais avait peur de la difficulté des ascensions nocturnes. Heureusement, Arminé a su utiliser ses talents de randonneuse du dimanche pour la convaincre… enfin je suppose. Je n’ai pas pu voir ça car je m’étais égaré à l’autre bout de la plage quand c’est arrivé.

Le gros voisin rectangle de la poule
Oui bon… je n’ai pas trouvé de métaphore animale pour l’ïle de Java.
Nous nous retrouvons donc à Ubud dans un mini-bus local (en gros, c’est la nouvelle version de notre van néozélandais, mais avec des sièges de bus à la place du lit). A&A sont présents, ainsi que Cristina, une madrilène très sympa (ce qui nous obligera à pratiquer un peu notre anglais). Il y a aussi plein d’autres gens avec qui nous n’avons pas beaucoup échangé : des médecins français relous, un philippin sympa que Lucie confondra encore avec un guide le 2ème jour, 3 londoniens en short, un couple banquier/avocate, un couple de français chiant comme la pluie… Bref, des gens !

Et c’est parti pour 11h de transport – dont 1h de ferry – avec les joies du pilotage indonésien : on roule autant sur notre voie que sur celle des voitures venues d’en face, on fonce dans les routes de montagne à s’en rendre malade, on double tout le monde… et bien sûr – en cas de bouchon – on passe par le trottoir.
Cela ne nous empêche pas d’apprécier le trajet. L’excitation des aventures à venir rythment nos conversations, ponctuées « pfff il est dingue » quand le chauffeur manque de se prendre une voiture venue d’en face. C’est aussi l’occasion de se découvrir, de se raconter nos vies, notre voyage, de refaire le monde, de jouer pour tuer l’ennui, et bien sûr malgré les secousses, de dormir.
Lever de soleil au Bromo, par Brahma !
Après l’arrivée tardive dans notre auberge et un sommeil de quelques heures, nous apprécions les joies du réveil à 3h00. Quelques habits chauds enfilés (prêtés par le staff car nous n’avions évidemment pas prévu de pull pour Bali), et nous filons en jeep vers les hauteurs.

Parqués dans une mer de sable, le vent froid et chargé de grains nous assaille. Masques et torches ne seront pas de trop pour se lancer. Les moins courageux peuvent grimper en cheval. Dans la pénombre, impossible de connaître le temps restant avant d’atteindre le sommet. Un escalier recouvert par la poussière noire du volcan vient faciliter l’ascension des derniers contreforts du volcan. Nous longeons ensuite une crête sans visibilité avant de nous poser à même le sol pour admirer la naissance du jour. Les rafales de vent chargées de sable peignent nos visages de suie, jusqu’à nos dents. Nos guides fument.

Le noir de la nuit laisse peu à peu la place aux pâles couleurs de l’aube. Le bleu nuit se teinte de rose, d’indigo et de violets profonds. Le Soleil apparaît alors et irradie notre monde d’un orange éclatant.

Notre point de vue, se révèle majestueux. L’à-pic du volcan se dévoile devant nous, tout en fissures sablonneuses. Les montagnes vertes du lointain se mêlent au cône jauni du volcan éteint qui nous surplombe.

Proche de l’Equateur, le Soleil monte rapidement dans le ciel. Dans la lumière douce du matin, la crête nocturne apparaît être en réalité un étroit corridor entre une falaise vertigineuse et l’ombre menaçante du cratère – d’où s’échappent des fumées acides. Le paysage crépusculaire, nos masques et les bourrasques de vent chargées de sable noir… nous pourrions facilement croire être sur une autre planète inhospitalière.

Top of the Rock à King Kong View
A peine descendus, un pancake avalé et la suie essuyée de nos visages, nous repartons en jeep. L’ascension de la colline est facile. Le temple au sommet nous permet d’admirer le panorama de notre aventure matinale : la crête du Bromo, volcan explosif en activité de 2 300m de haut vue comme une émanation de Brahma sur Terre ; mais aussi le Batuk, éteint ; le Semeru, très actif et plus haut volcan de Java ; la mer de sable balayée par les rafales ; les collines verdoyantes sur la falaise entourant ce parc tectonique.

Couleurs du souffre rance au Kawah Ijen
Après plusieurs heures de trajet, un marché coloré dans une ville-étape et quelques heures de sommeil volées dans une auberge, nous repartons à 23h vers notre nouvel objectif : le Ijen. Ce volcan explosif – lui-aussi en activité – abrite une mine de souffre à ciel ouvert ainsi que le plus grand lac d’acide au monde. Nous montons sur une piste large et lisse. Avec Arthur, nous parlons tout du long. Lucie et Arminé halètent derrière et s’irritent de notre manque d’essoufflement. Les touristes chinois se font tirer dans des chariots rappelant Tintin dans le Lotus Bleu, mais avec un dénivelé de 12%. Après une pause dans une warung, nous atteignons au sommet… mais ce n’est pas l’arrivée. Nous devons cette fois descendre au cœur du cratère pour apprécier les splendeurs de la montagne.
Les touristes sont nombreux. La file de lampes torches constellant la descente le long de la paroi rocheuse nous rappelle la procession durant l’Avé Maria dans Fantasia.

Je vais faire plus simple pour la suite, les images suffisent (même si elles ne reflètent pas fidèlement toutes les nuances qu’on a pu voir.).

Les mineurs remontent le minerai dans des paniers juchés sur leurs épaules. Tout ça pour le seul bénéfice de l’industrie cosmétique, pharmaceutique et le blanchiment du sucre.

Les gaz renfermés par le volcan s’enflamment au contact de l’air sous forme de magnifiques flammes bleues (qu’on a vu de loin, seul le guide allait se tuer les yeux dans la fumée pour photographier ça)

Le lac d’acide peut normalement briller d’un turquoise éclatant, mais le ciel nuageux et le vent portant les fumées âcres de la mine de souffre en ont décidé autrement. Le ciel rose, c’est bien aussi.

La procession de touristes venue prendre des photos avec des masques à gaz protecteur, avant de retrouver les plages paradisiaques et de repartir en long courrier… Un contraste saisissant avec la vie des mineurs travaillant 10h par nuit pour seulement 12€ par jour, évidemment sans masque.

Et il est venu le temps pour nous de repartir à Bali pour dorer sur la plage avant de repartir en avion nous aussi. Je passe sur le trajet périlleux, la fatigue et les images gravées qui se bousculent dans nos têtes. Lucie vous racontera la 3ème étape de notre virée balinaise de manière plus synthétique avant notre vol de retour.
Le « pfff il est dingue », je l’ai entendu avec la voix de Lucie dans ma tête haha
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Je vois pas de quoi tu parles ahah.
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Toujours très intéressant et agréable à lire mais quelle aventure 👍👋
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We did « sulfer » a lot but it was worth it!
Manque juste les photos de la lune dans tous ses états, j’ai apprécié la touche d’astronomie tout de même « ‘Proche de l’Equateur, le Soleil monte rapidement dans le ciel. »
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